— Non, merci ; je cherche la maison du pasteur, voulez-vous me l’indiquer.
— Là, en face. »
Henri s’y rendit vite, l’heure passait, la lune croissante montait vite dans le ciel clair.
Tout de suite, il s’expliqua avec la femme du révérend, qui lui ouvrit, et celle-ci l’introduisit dans une chambre donnant sur le jardin, au rez-de-chaussée, où la vieille Allemande était installée.
Elle était assise au fond d’un grand fauteuil, près d’un bon feu de bois ; seule, ses gens étant logés à l’hôtel.
Une émotion la secoua à la vue de son neveu.
« Toi ! »
Elle tendait les bras. La vue de l’uniforme, soudain, l’effara, mais l’amour de la famille vainquit la rancune. Elle attira son neveu, et, prenant à deux mains sa tête, elle mit sur les joues fraîches du jeune homme deux tendres baisers.
Henri avait posé dans un coin son fusil, et, gardant son sac au dos, à cause du peu de temps qu’il avait à dépenser, il s’était assis auprès de sa tante.
Celle-ci lui versa une tasse de thé.
« Le fils d’Hans sous cette livrée ! » gémit-elle.
Puis, reprise de tendresse :
« Tiens, bois ; as-tu vu Wilhem ?
— À l’instant, nous avons eu ensemble quelques bonnes minutes.
— Tu vas pouvoir revenir me voir ?
— Je crains que non ; nous filons demain plus au Nord. Je suis heureux, tante, que vous soyez juste venue à point pour que je puisse vous embrasser.