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Page:Gouraud - Dieu et patrie, paru dans La Croix, 1897.djvu/49

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Ces longues années avaient changé l’une et l’autre ; une gêne en était venue, et leur conversation n’avait pas l’élan palpitant de l’intimité reconquise. Michelle vint heureusement amener la diversion de sa bonne volonté.

« Mère, venez. J’ai préparé votre chambre. »

Mme Carlet se leva ; elle voulut revoir la maison, retrouver son appartement, et elle eut une angoisse, en constatant combien le délabrement s’accentuait dans la pauvre maison, que nul n’entretenait, où, partout, filtraient des lierres envahisseurs, où les fenêtres, veuves de carreaux, étaient bouchées de vignes-vierges folles.

La nature reprenait ses droits au mépris des ouvrages temporaires de l’homme. Cependant, elle eut une joyeuse surprise en revoyant sa chambre. Les vitres brisées avaient été remplacées par des carrés de papier soigneusement collés ; des gerbes de plantes vertes inodorantes cachaient la vétusté des tentures ; un tapis, fait de lisières tricotées, couvrait la table ; des housses propres et bien reprisées dissimulaient la trame des fauteuils, et une jolie couverture en coton tissée artistement, à l’aide d’un petit crochet de fer, représentant des roses et des losanges, décorait le lit.

Mme Carlet tendit les bras à sa fille.