Page:Gouraud - Dieu et patrie, paru dans La Croix, 1897.djvu/66

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Michelle à ces mots baissa la tête ; ses lèvres tremblaient et sa main était si maladroite qu’elle ne parvenait pas à tenir ferme son bol de lait. Elle le posa sur la table et se penchant un peu, elle mit sa tête sur l’épaule de sa grand’mère et dit tout bas, ne pouvant parvenir à parler haut ;

« Il le faut grand’mère, n’est-ce pas ?

— Tu serais folle de refuser, s’écria Mme Carlet ; par ce mariage, notre misérable vie prend fin. »

La marquise jeta à sa fille un regard sévère.

« Il ne le faut pas, Michelle ; ce qu’il faut, c’est que si tu acceptes une union avec le comte, tu te sentes capable de l’aimer, de remplir près de lui le rôle de dévouement et de tendresse que toute femme doit à son mari.

— Serai-je libre de vous revoir, de…

— Achève sans réticence. Nous sommes seules. Rosalie ne compte pas, elle est de la famille. »

Michelle rougit vivement.

« Grand’mère, permettez-moi de parler moi-même au comte, de lui répondre directement.

— Ce n’est guère correct.

— Qu’importe, grand’mère, notre situation ne permet pas de cérémonie, ayez confiance