Page:Gouraud - Dieu et patrie, paru dans La Croix, 1897.djvu/77

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— Je le pense, en effet. Dieu aime la confiance et peut-être entre-t-il dans ses vues divines que vous soyez l’instrument de rédemption de cette famille.

— Alors, conseillez-moi, Monsieur le curé, votre expérience, votre affection seront mes guides.

— Je vais prier d’abord, dire demain ma messe à l’intention de votre décision, ma fille ; après mon action de grâce, je reviendrai ici. Soyez-là, Michelle, je vous dirai ce que m’aura inspiré ma prière. »

Michelle rentra à la Roche-aux-Mouettes, sa grand’mère s’était enfermée dans sa chambre après le départ de l’Allemand, pour prier et réfléchir. Sa mère jouait comme elle le pouvait, sur une vieille épinette, des airs de danse « pour la noce ». Rosalie filait très joyeuse, le comte Hartfeld lui ayant donné un autre louis, qu’elle montra de suite à sa jeune maîtresse.

« Ce que je vas me nipper pour cet hiver !

— Oh ! je t’en donnerai bien d’autres, va, répondit Michelle, si jamais je suis riche, j’aurai grand plaisir à répandre mes richesses. Qu’est-ce qu’il faut faire à présent pour t’aider ?

— Rien à présent. Je viens de ramasser les haricots secs pour l’hiver, il y en a une bonne provision.

— Alors, je me sauve dans ma tour. »