Page:Gouraud - Dieu et patrie, paru dans La Croix, 1897.djvu/83

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— Comme vous réalisez bien le rêve de toute ma vie ! » fit Hans, réellement heureux, à la vue de cette docilité naïve qui n’amènerait aucune lutte en face de l’autocrate de Rantzein : Mlle Hartfeld.

Jamais il n’aurait pu amener chez lui une femme, en rapport d’âge avec lui, une femme jalouse de ses droits, habituée au commandement, à la vie ordinaire de l’épouse dans le ménage, tandis qu’avec cette petite créature simple et douce, sa paix intérieure était assurée. Aussi, très reconnaissant, il continua :

« Il faut, en l’honneur de notre mariage, faire des heureux autour de nous ; que ce soit pour Saint-Enogat, un jour de largesse ! Répandez l’or, Michelle, ma fortune est immense. Je la dépose toute à vos pieds, en passant par vos petites mains charitables, l’argent acquerra une double valeur. Tenez, dans cette enveloppe, il y a vingt mille louis pour les pauvres de votre paroisse. Je les porterai tout à l’heure à ce bienveillant prêtre, qui causait hier avec vous et dans lequel j’ai deviné un avocat pour ma cause. »

Michelle joignait les mains d’étonnement et de joie, il reprit souriant, un peu gêné, cependant à son tour :

« Il y a autre chose encore, Michelle, je veux que ma chère fiancée ait un costume analogue à son rang, faites-moi donc le très grand plaisir de me permettre de vous présenter ma cousine Rita, qui est une aimable et charmante Parisienne ; elle s’occupera de votre trousseau avec goût et plaisir.»

À ces mots, Michelle jeta sur sa pauvre petite toilette un coup d’œil surpris. Quoi, elle n’avait pas mieux réussi, sa tentative mondaine avait ce piètre résultat ! Il comprit sa pensée, et touché de tant d’ingénuité.