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Page:Gouraud - Dieu et patrie, paru dans La Croix, 1897.djvu/95

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mense besoin de consolation, pour la première fois de sa vie, tendit la main à la servante. Celle-ci, stupéfaite, n’osa la prendre et s’enfuit au fond de sa cuisine glacée, d’où le rayon de soleil était à jamais parti.

La vieille douairière laissa retomber son bras ; elle reprit de son pas lent et raide le chemin de sa chambre. Elle s’assit sur la haute chaise en chêne sculpté, attira sa corbeille à ouvrage et ses doigts maigres et froids se remirent à tricoter un peu plus tremblants que de coutume.

. . . . . . . . . . . . . . .

Pendant ce temps, Hans Hartfeld, rayonnant de bonheur, entraînait sa femme, et ce fut encore Lahoul qui les conduisit à travers la baie dans sa chaloupe neuve. Le temps était si sombre que la côte n’apparaissait même pas vers Saint-Malo. Le matelot dut s’en fier à son habitude et se guider d’après le courant de la Rance.

Tout à coup, un halètement à l’arrière les fit tous écouter. C’était un gémissement continu. Michelle avança une main et rencontra le museau froid du bon Trilby, Trilby qu’on avait oublié et qui suivait le bateau à la nage, ne voulant pas quitter sa petite maîtresse !

Michelle l’aida à jaillir des vagues, à s’étendre dans la barque. Il s’y secoua rudement, éclaboussant son voisinage, mettant à l’entour des gouttes d’eau salée, comme s’ils avaient tous répandu des larmes amènes sur leurs vêtements.

« Et Minihic ? demanda timidement Michelle au père Lahoul.

— Mon fils, Madame, vous attend à la gare, répondit gravement le matelot. Il a voulu partir, parce que là-bas, voyez-vous, c’est