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LA BELGIQUE LITTÉRAIRE

ces tueries monstrueuses. Une immense douleur muette le traverse. « Je n’ai qu’une exécration, la guerre, celle-là est indestructible en moi, comme mon âme et mon nom d’homme libre. » Qu’aurait dit l’écrivain, mort l’an passé, s’il lui avait été donné de prévoir que la guerre allait envahir le pays et la maison même où il vivait et que n’aurait-il pas ajouté à ses Charniers s’il avait survécu !

Il aurait été d’autant plus effaré par les événements actuels que c’était un sédentaire, qu’il n’avait presque jamais quitté la Belgique, qu’il avait voué à son pays toute sa vie, toute son activité. Il ne venait qu’assez rarement à Paris et pour de brefs voyages. Il ne connaissait bien, en dehors de la Belgique et n’aimait que la Hollande, qui lui ressemble tant, par certains côtés. C’est que