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CAMILLE LEMONNIER ET LE ROMAN

tence. Pour cela, il gagne la forêt, où il va s’efforcer de vivre et de penser avec ses propres forces. Peu à peu un calme se fait en lui, puis la joie, puis la conscience renaissent. Pour son existence il ne doit compter que sur l’effort de ses mains et de son cerveau. Les plus humbles travaux, étapes par où passa jadis la primitive humanité, se revêtent à ses yeux d’un sens éternel. Pour l’avoir écoutée, la vie s’empreint à nouveau pour lui de saveur et de signification. Un nouvel homme est né auquel la terre a communiqué ses toujours jeunes énergies et qui désormais connaît sa place dans l’univers dont il apprit le mot de la grande énigme : vivre. Ce vivant poème demeure, comme tous les grands livres, rebelle à l’analyse. Rien n’en saurait redire la majestueuse simplicité, la