STÉPHANE MALLARMÉ ET L’IDÉE DE DÉCADENCE
Décadence. C’est un mot bien commode à l’usage des pédagogues
ignorants, mot vague derrière lequel s’abritent notre paresse et
notre incuriosité de la loi.
BAUDELAIRE, Lettre à Jules Janin.
I
Brusquement, vers 1885, l’idée de décadence entra dans la littérature française ; après avoir servi à glorifier ou à railler tout un groupe de poètes, elle s’était comme réfugiée sur une seule tête. Stéphane Mallarmé fut le prince de ce royaume ironique et presque injurieux, si le mot lui-même avait été compris et dit selon sa vraie signification. Mais, par une singularité qui est un trait de mœurs latines, le peuple académique qualifiait ainsi, d’après l’horreur normale, quoique malsaine, qu’il ressent devant les tentatives nouvelles, la fièvre d’originalité qui tour-