Page:Gourmont - La Culture des idées, 1900, 2e éd.djvu/149

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est plus connu et moins contesté. On sait maintenant qu’il n’y eut pas de « renaissance » au XVe siècle ; on sait que, en aucun moment des siècles antérieurs, les lettres latines n’avaient cessé d’être cultivées et que Virgile fut, durant tout le moyen âge, en Italie, en France, en Allemagne, non seulement lu, mais vénéré, non seulement commenté, mais imité. Le rôle des humanistes fut cependant important : de même que les protestants voulaient purger le christianisme de son élément païen, les humanistes voulurent éliminer de la littérature tous les éléments chrétiens. Les uns et les autres réussirent ; mais, tandis que la tradition littéraire a été renouée par le romantisme, la tradition religieuse est restée brisée. La littérature n’est demeurée que pendant trois siècles étrangère à l’âme humaine à laquelle on substituait l’âme héroïque et poncive ; la religion privée de l’art païen, qui était sa force populaire, est devenue et est restée une philosophie de sacristie et une morale de confessionnal ; elle n’a plus d’influence sur l’esprit secret des races, qui est avide de beauté corporelle et de magnificence ; rien de trop ; elle s’est fait mitoyenne entre tout ; elle est devenue le centre médiocre de la médiocrité universelle.