Page:Gourmont - La Culture des idées, 1900, 2e éd.djvu/171

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Ils ont eu, par une sorte de grâce, l’intuition d’un Sauveur dont la Mère serait sans tache.. ». Il n’y a pas à insister. Les vierges noires sont d’origine orientale et aucune n’est signalée en France avant le XIIe siècle. Elle est bien curieuse, cette littérature des préfigurations ! On est allé chercher jusqu’en Chine le pressentiment de la Vierge Mère et l’on a trouvé que la vierge Kiang-Yuen conçut son fils Heou-Tsi miraculeusement, par la lueur d’un éclair ! La mère de Yao fut fécondée par la clarté d’une étoile ; celle de Yu, par la vertu d’une perle qui tomba dans son sein[1] ! Qui doutera, après cela, de l’innocente piété des Druides ? La seconde des erreurs, tout ecclésiastiques, que l’on a soufflées à l’auteur de la Cathédrale, est la prétention de faire remonter aux disciples immédiats des Apôtres, sinon aux Apôtres eux-mêmes, l’évangélisation des Gaules et la construction des anciennes églises d’où sont nés les monuments définitifs érigés dans le moyen âge. La vérité est que, si l’on excepte Lyon qui eut une église vers l’an 198, il n’y avait encore, au milieu du IIIe siècle, aucune trace sérieuse de christianisme dans les Gaules ; en réalité, l’évangélisation des Gaules

  1. A. Bonnetty : Traditions primitives (Annales de Philosophie Chrétienne, 1839).