Page:Gourmont - La Culture des idées, 1900, 2e éd.djvu/182

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qui faisait sa vérité humaine. Les vrais dieux, il faut peut-être qu’ils aient d’abord vécu ; leur choix sera alors dicté au peuple par l’idée qu’il se fait de l’état divin, c’est-à-dire de l’état héroïque. L’accord est plus facile avec des dieux qui furent des hommes ou qui, du moins, font figure d’hommes, par leur corps, même perfectionné, par leurs passions, leurs amours ; et presque toute la religion tourne autour de cet acte simple et moral, le contrat.

On s’égaie beaucoup en ces années de la forme qu’a prise le culte, d’ailleurs très ancien, de saint Antoine de Padoue. Le fidèle promet à cette idole une offrande en échange d’un service : tel est le thème. Il est aussi vieux que les plus vieilles reliques de la superstition religieuse. Le dieu a différents besoins que son pouvoir ne suffit pas à lui procurer : il ne saurait, par exemple, se bâtir lui-même des temples, s’adresser des prières, se brûler de l’encens. C’est donc l’homme qui pourvoira à ces besoins de vanité ; et le contrat intervient. L’homme apportera sa pierre au temple et le dieu donnera à l’homme les biens terrestres qu’il ne peut atteindre par sa seule industrie. C’est au dieu de juger si le marché lui convient. Il lui convient assez souvent pour que l’homme soit confirmé dans sa croyance. La