LA MORALE DE L’AMOUR
I
Quelques médecins ont proposé très sérieusement, au nom de la science,
au nom de la vertu, au nom du bien social (car les idées vivent
dorénavant dans la promiscuité la plus triste), de considérer comme un
délit tout acte sexuel perpétré en dehors du mariage. C’est le désir de
M. Ribbing[1], entre autres, et le désir de M. Féré, auteurs tous les
deux de dissertations plutôt provocatrices. Les ouvrages de ces éminents
docteurs de l’amour ont remplacé dans les lectures secrètes les surannés
manuels des confesseurs et les piquantes dissertations in sexto qui
charmèrent tant de collégiens ; ils ont même chassé du tiroir, tel est le
prestige de la science ! les petits livres grivois qui firent la fortune
et la réputation de la Belgique. Et pourtant qu’ils
- ↑ L’Hygiène sexuelle et ses conséquences morales, p. 215.