Page:Gourmont - La Culture des idées, 1900, 2e éd.djvu/215

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viennent réciproquement le mieux. C’est après s’être baignés et seulement toutes les trois nuits qu’ils peuvent se livrer à l’acte générateur. Les femmes grandes et belles ne sont unies qu’à des hommes grands et bien constitués ; les femmes qui ont de l’embonpoint sont unies à des hommes secs ; et celles qui n’en ont pas sont réservées à des hommes gras, pour que leurs divers tempéraments se fondent et qu’ils produisent une race bien constituée… L’homme et la femme dorment dans deux cellules séparées jusqu’à l’heure de l’union ; une matrone vient ouvrir les deux portes à l’instant fixé. L’astrologue et le médecin décident quelle est l’heure la plus propice[1] ». L’astrologue donne à ce programme érotique un tour naïf qui n’est pas sans agrément ; l’astrologue manque au projet de loi de M. Ribbing, mais on y verrait sans surprise la matrone, qui préside déjà à tant d’unions subreptices. Ce serait sa réhabilitation que de tenir désormais la chandelle conjugale et de donner aux époux, sur l’avis de la Faculté, le signal du départ.

On aurait pu aussi bien citer Platon, République, V, que Campanella suit d’assez près, mais avec son originalité propre. Platon, au vrai,

  1. La Cité du Soleil ; trad. de J. Rosset, p. 181, Oeuvres choisies de Campanella. Paris, 1847.