Page:Gourmont - La Culture des idées, 1900, 2e éd.djvu/271

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En effet, en décomposant l’objet, selon le plan de mon analyse, j’ai trouvé qu’il se différencie selon deux modes, deux illusions, mais que différentes ! l’objet qui ne me résiste pas et l’objet qui me résiste, l’objet esclave et l’objet contradictoire, l’objet signe et l’objet pensée : — l’homme, l’homme effrayant, l’homme qui m’épouvante, parce qu’il me ressemble.

Je me connais et je m’affirme ; je suis, car je me pense, et le monde extérieur où je rencontre ce frère n’est autre chose, je le sais, que ma pensée même hypothétiquement extériorisée. Mais si ce frère gravite autour de mon aimant, particule de mon désir, moi aussi, particule de son désir, je gravite autour de son aimant ; le monde dont il fait partie n’existe qu’en moi ; mais le monde dont je fais partie n’existe qu’en lui, — et, relativement à sa pensée, je dépends de sa pensée : il me crée et il m’annihile, il me conçoit et il me nie, il m’écrit et il m’efface, il m’illumine et il m’enténèbre.

Je suis lui : Homunculus-Hypothèse grandit et m’écrase, car s’il n’est rien que ma pensée, quand je le pense, — il est tout quand il se pense lui-même, et je n’existe plus qu’avec son consentement.

Me voilà donc limité par mon hypothèse, c’est-