Page:Gourmont - Le IIme Livre des masques, 1898.djvu/117

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tueusement la nudité divine, et un esprit mystique, puisqu’il délaisse l’appareil des mages populaires pour n’admettre que les rapports directs entre l’âme et l’infini.

La plupart des hommes sont si mal fixés sur ce que les anciens grammairiens appelaient la propriété des termes que certains seront surpris de voir opposer deux mots que leur ignorance a l’habitude de confondre. M. Charbonnel les a délimités lui-même en plusieurs passages de son essai sur les Mystiques d’aujourd’hui. Il a constaté que ce n’est plus que par exception que le mysticisme est réellement religieux, quoiqu’il adopte, presque toujours, des allures religieuses. La religion, c’est de croire en Dieu, en acceptant toutes les conséquences d’une croyance précise ; le mysticisme, c’est de croire à l’échelle de Jacob. Où mène-t-elle nécessairement ? Nulle part, qu’en haut. Où mena-t-elle Plotin, où mena-t-elle Spinoza ? En joignant les deux termes on arrive à un troisième état d’esprit où les deux tendances se confondent, où l’échelle de Jacob, montée du cœur où elle s’appuie, ne s’arrête en son ascension qu’en ce point de l’infini où commence la certitude. Il y a un mysticisme divin ; il y a un mys-