Page:Gourmont - Le IIme Livre des masques, 1898.djvu/142

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Les idées se présentent presque toujours à M. Elskamp sous la forme d’images significatives ; sa poésie est emblématique. Vraiment, et surtout dans son premier recueil, Dominical, elle a l’air parfois de raconter les emblèmes dont s’ornaient les singuliers livres où l’on s’édifiait jadis, surtout en pays flamand, le Miroir de Philagie (Den Spieghel van Philagie) ou cette Contemplation du Monde (Beschouwing der Wereld) que l’art admirable de Jan Luiken diversifie à l’infini. L’âme, personnifiée en un jeune homme, une jeune fille, en un enfant, traverse des paysages, agit sur les éléments, subit la vie, travaille à des métiers, se promène en barque, pêche, chasse, danse, souffre, cueille des roses ou des chardons ; c’est très mièvre le plus souvent et diffamé par une naïveté qui a d’elle-même une conscience trop précise. Pourtant il y a une poésie mystique, en ces estampes et voici comment M. Elskamp la sent et l’exprime :


Dans un beau château,
la Vierge, Jésus et l’âne
font des parties de campagne
à l’entour des pièces d’eau,
dans un beau château.