Page:Gourmont - Le IIme Livre des masques, 1898.djvu/147

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Le jour de joie est arrivé, cœurs, faites maison neuve, soyez bons, afin de mériter la vie heureuse qui va s’étendre sur les villes et les campagnes,


jusqu’aux arbres loins comme des tentures.


On va respirer enfin un air d’amour, tout s’apaise, tout se purifie, tout est printemps,


et, cloches de bonnes nouvelles,
lors, aux gens sur le pas des portes
dites qu’enfin Doctrine est morte
et qu’aujourd’hui c’est vie nouvelle.


Cette vie nouvelle bourdonne dans le cœur et dans la poésie de Max Elskamp, et dans le jardin bêché et semé de ses mains, dans le jardin fleuri par son désir. Si l’arrosoir du jardinier semble avoir été quelquefois rempli à cette rivière de grâce, Sagesse, c’est que la miraculeuse rivière a débordé de toutes parts et s’est infiltrée dans toutes les fontaines : le jardin de Max Elskamp est bien la création d’un jardinier original. Le sentiment religieux est moins large et moins profond dans la poésie d’Elskamp que dans celle de Verlaine ; mais il est plus intime, plus pur, plus de sanctuaire, de lampe, de cierges, de cloches ; ce n’est plus l’amour qui pleure d’avoir mal aimé ;