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PAUL CLAUDEL


On a toujours vu les hommes supérieurs, dès qu’ils n’ont pas de goût à diriger la civilisation, vivre en dehors de la civilisation. Celui-ci, dont le nom est presque inconnu, n’a jamais coudoyé ses frères ; à la première occasion il est parti, voué, farouche, à un consulat lointain ; pour caverne, il a une pagode abandonnée et, sûr qu’elles ne voient pas son âme, il promène ses yeux parmi les fourmis jaunes. Mais ces détails même n’intéresseront personne avant cinquante ans : l’auteur de Tête d’or est ici ou là, selon qu’il a choisi. Il importe, pour les bateaux, que le vent souffle d’ici ou de là ; pour les livres, nullement : ils vont de tous les côtés à la fois, ils arrivent partout, venant de partout,