Page:Gourmont - Le IIme Livre des masques, 1898.djvu/204

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ment et qui paralyse son talent. L’art appartient en grande partie au domaine de l’inconscient, de cette intelligence obscure et magnifique qui rêve en certains cerveaux privilégiés ; l’intelligence ordinaire, active et visible, ne doit avoir en art que le rôle de prudente et timide conseillère ; si elle veut dominer et diriger, l’œuvre se fausse, se brise, éclate comme sous de maladroits marteaux. En d’autres termes, c’est le génie qui compose une œuvre et c’est le talent qui la corrige et l’achève ; chez M. Ghil la spontanéité a été dévorée par la volonté.

Qu’il s’évade donc de ses méthodes et surtout de sa dangereuse instrumentation ; guidé par ses seules forces naturelles, il entendra et nous fera entendre plus clairement


De la voix humaine dansles métamorphoses
De la voix humaine dans la voix des roseaux.