Page:Gourmont - Le IIme Livre des masques, 1898.djvu/277

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le reconnaître et on le reconnaîtra un jour ou l’autre, si équivoque que cela paraisse à cette heure, après l’oraison funèbre de M. Zola : les Goncourt furent des romantiques. Par eux, par Edmond de Goncourt qui fit la Faustin, se clôt le cycle ouvert par Balzac.

En aucun des romans qui vont de Charles Demailly à Chérie, on ne sent cette affectation d’insensibilité, d’ironie froide qui caractérisa depuis les œuvres de presque tous les médanistes. Il y a même chez eux un penchant à la pitié ou à la tendresse qui va jusqu’au sentimentalisme, mais discret, et si pur. Renée Mauperin est un livre de ce ton, plein de larmes cachées ; Sœur Philomène est une œuvre de sentiment : dégagée par la pensée du réalisme adventice qui l’encombre et le défigure, ce roman serait, en même temps que la plus émouvante, la plus pure histoire d’amour écrite depuis Atala. Ici, la méthode a gâté le génie, mais le génie et la tradition ont vaincu la méthode.

En même temps qu’ils continuaient une période littéraire, ils en ouvraient une autre, fraternellement avec Gustave Flaubert. Quand parut Germinie Lacerteux, M. Zola regardait la lune se jouer sur l’onde azurée du ruisseau bordé de saules où Ni-