Page:Gourmont - Le IIme Livre des masques, 1898.djvu/287

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l’arbre de sa prédilection. Il a la foi, puisqu’il vit et puisque la faillite de tous les vieux automnes ne l’incline pas à se coucher avant tout travail, parmi la terrible stérilité de l’herbe.

Hello, par l’absolutisme de sa foi, est bien un représentant de l’humanité croyante, de l’humanité qui, ayant à peine semé, se penche déjà anxieuse vers les secrets du sillon ; mais il y a une malédiction sur le sein de la terre ; il est peut-être pourri depuis le meurtre d’Abel : la semence ne germe pas : et l’homme recommence à jeter des graines dans la glèbe pourrie ; il y verse du sang, il y enfonce son cœur, il y enterre son âme, il descend tout entier dans cette tombe miraculeuse, et là, paisible sous le terrible manteau des herbes stériles, il attend, imputrescible germe, l’heure de la germination divine.

La foi est imputrescible, puisque l’humanité vit et puisque le silence des tombes ne l’a pas découragée de creuser de nouvelles tombes.

Hello est le croyant. Sa foi n’est pas l’espérance imprécise d’un hédoniste inconscient ; elle est absolue dans son principe comme dans son but, et ce principe et ce but sont uns ; parti de la vérité, il va vers la vérité. Il sait ce qu’il sème, il sait