Page:Gourmont - Le IIme Livre des masques, 1898.djvu/72

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les ravages dans la littérature, s’il a, plus que nul autre et avec plus de talent que Dom Reneus, propagé le culte de sainte Muqueuse, s’il a chanté (à mi-voix) ce qu’il appelle modestement « des amours bizarres », ce fut, au moins en un langage qui, étant de bonne race, a souffert en souriant ses familiarités d’oratorien secret ; et si tels de ses livres sont comparables à ces femmes d’un blond vif qui ne peuvent lever les bras sans répandre une odeur malsaine à la vertu, il en est d’autres dont les parfums ne sont que ceux de la belle littérature et de l’art pur ; son goût de la beauté a triomphé de son goût de la dépravation.

Il ne faudrait pas, en effet, le prendre pour un écrivain purement sensuel et qui ne s’intéresserait qu’à des cas de psychologie spéciale. C’est un esprit très varié, curieux de tout et capable aussi bien d’un conte pittoresque et de tragiques histoires. Il aime le fantastique, le mystérieux, l’occulte et aussi le terrible. Qu’il évoque le passé ou le Paris d’aujourd’hui, jamais la vision n’est banale ; elle est même si singulière qu’on est surpris jusqu’à l’irritation par l’imprévu, quelquefois un peu brusque, qui nous est imposé. Il est, même quand il n’est que cela, le rare chroniqueur dont