Page:Gourmont - Le IIme Livre des masques, 1898.djvu/74

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Viviane,


Et sous son rouge orteil jaillit un lys fantasque.


Mélusine,


Et près d’elle, érigeant ses fleurs en clairs trophées,
Jaillit un glaïeul rose à feuillage de houx.


Yseulte,


Et, fleur de feu comme elle, auprès de son orteil,
Flambe et s’épanouit un jaune et clair soleil.


Que d’images de grâce ou de volupté, en ces verrières bleues ou glauques, avivées çà et là de l’or d’une renoncule ou du pourpre d’un pavot ! Que de femmes de rêve ou d’effroi, que de mortes !


Pauvres petites Ophélies
Qui sans batelier ni bateau
Vous en allez au fil de l’eau,
Comme vos Hamlets vous oublient !…


Voici un beau panneau de la tapisserie des Fées :


Un pâle clair de lune allonge sur la grève
L’ombre de hauts clochers et de grands toits, où rêve
Tout un chœur de géants et d’archanges ailés.

Pourtant la ville est loin, à plus de deux cents lieues ;
La dune est solitaire et les toits dentelés,
Les clochers, les pignons et les murs crénelés,
Sur le sable et les flots montent en ombres bleues.