Page:Gourmont - Le IIme Livre des masques, 1898.djvu/99

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lui-même sa honte en se couvrant du nom de Banti ; il ne jouissait qu’en secret d’une turpitude imposée par les mœurs à un homme qui aurait eu le goût d’amours moins productives ; les Banti d’aujourd’hui avouent volontiers de telles combinaisons et les duchesses, qui en seraient froissées, n’en seraient pas surprises. C’est que M. Barrès, qui avait des raisons d’estimer hautement son moi et de le juger intachable, n’a pu transmettre ces raisons essentielles à la foule de ses imitateurs. Le danger des opinions extrêmes c’est que sorties du cerveau qui les engendra, comme d’une fleur où elles étaient gracieuses, elles s’en vont, germes insensés, se décomposer dans les terrains les plus revêches à produire de la grâce et des fleurs. Ce danger n’a pas arrêté M. Barrès ; il n’eût jamais écrit le Disciple, même s’il y avait songé ; car il sait que la responsabilité n’est qu’un mot quand il s’agit de l’idée et que le verbe, qui est un commandement, ne peut commander aux volontés que dans le sens de leur nature et selon l’élasticité de leurs gestes.

Une telle apologie, si elle n’était très courte, seulement indiquée, aurait quelque chose de désobligeant : on ne défend pas les droits de l’intel-