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JULES RENARD


Un homme se lève de bon matin et s’en va par les chemins creux et par les sentiers ; il n’a peur ni de la rosée, ni des ronces, ni de la colère des branches qui font la haie. Il regarde, il écoute, il flaire, il chasse l’oiseau, le vent, la fleur, l’image. Sans hâte, mais anxieux pourtant, car elle a l’oreille fine, il cherche la nature qu’il veut surprendre au gîte ; il la trouve, elle est là : alors, les ramilles écartées doucement, il la contemple dans l’ombre bleue de sa retraite et, sans l’avoir réveillée, refermant les rideaux, il rentre chez lui. Avant de s’endormir, il compte ses images : « dociles elles renaissent au gré du souvenir. »