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Page:Gourmont - Le Livre des masques, 1921.djvu/180

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Plairait-elle pas, mieux que de protectrices et fructifères déductions, à l’auteur du Recordare sancta crucis, cette oraison : « Le Christ apparaît ici-bas la plus aimante, la plus absorbée figure de l’éternelle substance, elle embaume de toutes les vertus ; elle a les bleus dulcifiants, les jaunes brûlés et clairs de la topaze ou du chrysanthème, les ensanglantements des gloires futures. Et malgré et contre mes rechutes de chaque jour, je m’efforce, selon la parole de Jésus à la Samaritaine, à l’adoration en esprit et en vérité. » M. Poictevin est entré dans le « jardin de toutes les floraisons » que chanta saint Bonaventure,


(Crux deliciarum hortus
In quo florent omnia…)


et à genoux il a baisé le cœur des roses dont la roseur est faite de sang, — le sang du grand Supplice. Pendant que le Matin, jeune homme aux cheveux blonds, livre aux femmes folles sa moite adolescence, il va, vers une paix « ecclésiale », à des messes de solitude, et l’une des grâces recueillies c’est l’imprégnement de son âme par la « lumière intérieure, claritas caritas ».