Page:Gourmont - Le Livre des masques, 1921.djvu/240

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où viennent se remplir toutes les autres, eau pure que le moindre soleil transforme en pierreries vivantes comme les colliers des fées. D’autres « métaphoristes », tel M. Jules Renard, se risquent à chercher l’image soit dans une vision réformatrice, un détail séparé de l’ensemble devenant la chose même, soit dans une transposition et une exagération des métaphores en usage[1] ; enfin, il y a la méthode analogique selon laquelle, sans que nous y coopérions volontairement, se modifie chaque jour la signification des mots usuels. M. Saint-Pol-Roux amalgame tous ces procédés et les fait tous concourir à la fabrication d’images qui, si elles sont toutes nouvelles, ne sont pas toutes belles. On en dresserait un catalogue ou un dictionnaire :


Sage-femme de la lumière veut dire : le coq.
Lendemain de chenille en tenue de bal
papillon.
Péché-qui-tette
enfant naturel.
Quenouille vivante
mouton.
La nageoire des charrues
le soc.
Guêpe au dard de fouet
la diligence.
  1. Dire, par exemple, joue en fruit, parce que l’on dit une joue en fleur, pour vermeille. Cf. Alfred Vallette, Notes d’esthétique : Jules Renard (Mercure de France, t. VIII, p. 161).