Page:Gourmont - Le Livre des masques, 1921.djvu/93

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ADOLPHE RETTÉ


Par sa fécondité en poètes, la journée que nous vivons, et qui dure depuis dix ans déjà, n’est presque comparable à aucune des journées passées, même les plus riches de soleil et de fleurs. Il y eut des douces promenades matinales dans la rosée, sur les pas de Ronsard ; il y eut une belle après-midi, quand soupirait la viole lasse de Théophile, entendue d’entre les hautbois et les buccins ; il y eut la journée romantique orageuse, sombre et royale, troublée vers le soir par le cri d’une femme que Baudelaire étranglait ; il y eut le clair de lune parnassien, et se leva le soleil verlainien, — et nous en sommes là si l’on veut, en plein midi, au