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LA DOUCE HOLLANDE



C’est un pays charmant que cette Hollande d’où M. Fallières revient après avoir été si bien reçu. Tous ceux qui ont voyagé par là en ont gardé le meilleur souvenir. Qui voudrait oublier Amsterdam, la ville du silence ! Les Hollandais ont trouvé le moyen d’être à la fois un des peuples les plus actifs de la terre et le plus calme. On ne sait comment s’y font les affaires et les travaux, car on n’entend nul bruit, on ne voit aucun signe de précipitation. Tout se passe comme s’il ne se passait rien, et il se passe pourtant beaucoup de choses, mais il est de la nature de ce peuple d’accomplir toutes ses besognes sans bruit : on pense à des fourmis. Quand j’étais à Amsterdam, il y a quelque vingt ans, et j’aime à croire que la tradition en est respectée, toutes les voitures, vers sept heures, disparaissaient de la circulation, et le peuple en toute liberté se répandait joyeusement et silencieusement par les rues ; la joie y était aussi tranquille que le labeur. Ce sont des mœurs vraiment loin des nôtres. Les brasseries du vieil Amsterdam ne sont pas éclairées et les buveurs