Page:Gourmont - Le Puits de la vérité, 1922.djvu/122

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saient que le nom d’Amerigo Vespucci, ils crurent que la justice commandait de le donner aux terres inconnues qu’il avait révélées, et c’est ainsi qu’en toute ingénuité ils commirent une grande injustice. C’était l’an 1507, quinze ans après sa véritable découverte, que l’Occident apprit qu’un autre continent venait de s’ajouter aux trois premiers et qu’il s’appelait l’Amérique. Ce baptême avait eu lieu dans une petite ville perdue au pied des Vosges et l’on fut longtemps sans en connaître l’origine. Saint-Dié est désormais célèbre. Bien des Américains ont voulu connaître, et beaucoup voudront connaître à l’avenir, la marraine de l’Amérique. Il y a déjà aux États-Unis une société et un journal de géographie du nom de Saint-Dié, où l’on étudie tout ce qui concerne la découverte et l’histoire du baptême. Sans doute l’Amérique eût dû s’appeler la Colombie, mais il n’est pas absolument sûr qu’Améric Vespuce n’ait pas touché le continent avant Colomb et d’ailleurs il fut, lui aussi, un grand navigateur. Il ne sut jamais ce qui se passait à Saint-Dié, et que, comme il s’embarquait pour son cinquième voyage au nouveau-monde, un brave chanoine écrivit :