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SUPERFLUS



A-t-on quelquefois remarqué que plusieurs des petits agréments, des petits superflus de notre civilisation nous viennent des sauvages ou de ces peuples très différents de nous et que nous appelons volontiers des barbares ? Le café et le thé sont des produits barbares, mais le cacao et le tabac sont des produits sauvages. Les barbares et les sauvages ont donc ajouté quelque chose, qui n’est pas sans importance sensible, aux anciens plaisirs de l’humanité blanche. D’où me viennent ces réflexions ? De lectures à travers le XVIIIe siècle où le chocolat eut un rôle si amusant. C’était une denrée fort connue, mais qui était encore à peu près étrangère au peuple, probablement à cause de son prix, de l’incertitude de sa préparation et aussi de sa mauvaise qualité, la fraude y étant déjà pour quelque chose, vraisemblablement. Qu’il soit à cette époque un aliment raffiné et coûteux, il n’y a aucun doute. Quelques tablettes constituent un cadeau apprécié. Casanova, qui