Page:Gourmont - Le Puits de la vérité, 1922.djvu/63

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tique des textes. Ils ouvraient les portes et les péplums, M. Girard les ferme. Il bouche les trous que l’imagination avait faits dans les murailles de notre prison, la vie. Après Phryné qui ne fut qu’une jolie petite chose, il va, paraît-il, s’en prendre à Hélène, cette grande, très grande image de la beauté et de l’amour, il va s’en prendre à Pénélope, il va s’en prendre à Homère ! « Cet homme, dit-il, ne connaissait rien à la chronologie. Quoique le fond de ses histoires soit vrai, elles ne tiennent pas debout. Je vais en Crète, je débrouillerai tout cela et je vous rapporterai une Iliade, voire une Odyssée conformes enfin à la saine raison et à la vérité archéologique. » Et tout en aiguisant sa faux, M. Girard, continuait : « Tenez, voulez-vous un exemple des fumisteries (sic) du vieil Homère. Eh bien, Pénélope avait soixante ans quand Ulysse la retrouva. Avouez que sa fidélité en est quelque peu diminuée ! » Il aurait continué longtemps, si je ne lui avais fait remarquer que sa faux était sans doute assez aiguisée et qu’à continuer ainsi il risquait d’user et la pierre et la lame, et que cela serait dommage. Je le quittai, me hâtant d’aller cueillir quelques