Page:Gourmont - Lettres à Sixtine, 1921.djvu/114

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dans ses yeux, sur ses lèvres fermées et je comprends les hiéroglyphes de ses gestes, de sa démarche, les mouvements de ses membres chers, le rythme de sa respiration.

Il fait un affreux temps gris. Pourtant devant moi, le soleil, de temps en temps, entre deux nuages, illumine un grand laurier-palme aux feuilles vernies.

J’essaie de m’amuser un peu par les yeux, mais sans conviction ; rien ne me réveille.

Ce matin la sensation de l’absence s’exacerbe, devient une souffrance. Nous avons déjà subi bien des cruelles nécessités, mais celle-ci est vraiment trop amère.

A demain, ma Berthe chère, ma chère femme. J’ai au doigt un des anneaux de la chaîne, tu as l’autre et notre pensée, du moins, nous tient magnétiquement unis.