Page:Gourmont - Lettres à Sixtine, 1921.djvu/186

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Ses yeux sont des saphirs profonds comme une joie
d’amour ; mais l’âme est si mobile, et la prunelle,
qu’ils ont l’air d’améthystes, parfois, ou de turquoises.

La bouche est rouge : elle a la grâce d’un pastel
et le pourpre très doux, le velours d’un œillet ;
quand elle s’ouvre, il en sort soudain une étincelle.

Le Sourire est un dieu charmant, mais si léger
qu’il ne pose pas plus qu’un oiseau sur la branche :
il voltige et s’envole, il déjoue les aguets ;

Quand on croit le tenir, il a fui comme un charme ;
pas plus qu’une hirondelle on ne le prend au piège,
et s’il était captif, il mourrait dans sa cage.

Il s’arrête par-ci, par-là, dans un cortège
d’éclairs, jase, et d’un seul coup d’aile part en fusée,
revient, s’en va, toujours courant le même arpège.