Page:Gourmont - Lettres à Sixtine, 1921.djvu/31

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mes, de ceux qui ne sont pas même des plus indélicats, de ne pas prévoir l’effet d’une soudaine déception. Comme elle m’est pénible, trois fois chère adorée, cette pensée que je vous ai été cruel, même involontairement, car volontairement je ne le pourrais. À peine sorti, j’eus cette idée d’envoyer une dépêche, de rentrer, mais l’impression était causée, hélas ! et rien sur le moment n’aurait pu l’effacer. Et ce recul, cet éloignement instantané que vous avez senti et manifesté contre moi ! Vous n’avez rien dit, mais est-ce que je ne lis pas en vous, est-ce qu’un seul des traits de votre visage peut se contracter sans que j’en subisse l’impression ? J’ai beau faire, je vous vois toujours telle que je vous ai quittée, et c’est irréparable. Oh ! de vous avoir causé un chagrin je m’en veux et je ne puis rien que d’en souffrir, moi aussi. Je souffre de cela plus que de tous les doutes, de toutes les sé-