Page:Gourmont - Lettres à Sixtine, 1921.djvu/37

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qui s’entr’ouvrait et si maladroitement qu’il ne se rouvrira peut-être plus. Et j’ai piétiné dessus, car il s’agit de votre cœur, — et vous dites cela, et vous le croyez, vous me le faites croire. Je suis comme Dante, dans la forêt mystique et terrible, qui n’ose se reporter à son impression, tant elle lui est dure ; et moi je dois m’y replonger, vos lignes que je relis depuis que je les ai, la perpétuent en moi. Ainsi les devoirs et les obligations sociales que je subis une fois tous les deux mois vous semblent mettre une barrière entre nous. Il est vrai, je n’ai pas une certaine indépendance qui me serait précieuse, on ne défait pas en un instant les conditions d’une vie qui n’était pas destinée à Celle qui est venue, puisqu’Elle n’était pas attendue, puisqu’on la fuyait. Je ne prétendais qu’à faire ma tâche, qu’à mettre lentement en œuvre mon talent, sans autre but qu’une lointaine et chimérique satisfaction. Pratique, je ne