Page:Gourmont - Lettres à Sixtine, 1921.djvu/44

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Quand même il ne s’agirait que d’un peut-être, je m’y attacherais encore désespérément, parce que j’ai mis ma vie là et que je ne veux pas et que je ne peux pas la reprendre.

Laissez-moi donc marcher avec confiance, ne me montrez pas le précipice. Je ne vous questionnerai plus, j’en sais assez. Il me suffit des minutes sombres que je passe loin de vous, qu’au moins rien ne voile les minutes radieuses que me fait votre présence ; je n’admets pas que la peur de l’avenir me gâte le présent.

Les joies que vous me donnez font de moi un privilégié ; mesurez-les, mais ne les supprimez pas.

A demain, puisqu’il faut attendre jusque-là, ma très chère princesse.

Addio, carissima vita mia.