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marie dauguet

Le jour s’effrite vermoulu
Fourbu d’être clair et debout,
Il se fait cendre, on ne sait plus
S’il est lui-même ou s’il est nous…

Mais, ce désir, cette volonté de s’éparpiller dans l’inconscience des choses, est encore plus nettement exprimé dans ces vers qui disent aussi une sorte de vertige de l’anéantissement :

Mon songe est de ne plus ni penser ni sentir,
Mais, sur l’inconscient au grand cœur magnanime,
De tournoyer ainsi qu’aux branches d’un abîme
Avec la volonté de m’y anéantir.

Après une journée de silence dans les champs, je reviendrai, dit-elle :

Je reviendrai, n’ayant plus rien dans la poitrine
De mon cœur anxieux et brûlant d’autrefois,
Pierre avec le caillou, feuillage au bord du bois,
Éteule où le troupeau bêlant rôde et piétine.

Aucun poète, peut-être, ne s’est approché aussi près de la nature que Mme  Marie Dau-