Page:Gourmont - Muses d’aujourd’hui, 1910, 3e éd.djvu/148

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Par vous, jadis, ô mes maîtresses ! je connus
La majesté des seins magnifiquement nus…
……
Vous avez su tourner vers vous tous mes désirs
Et vous avez rempli mes mains de souvenirs.

Je vous ai dit, à vous qui m’avez couronnée :
Qu’importe les demains ?… Cette nuit m’est donnée…

Éternelle douceur de la douceur qui fuit !
Nul vent n’emportera l’odeur de cette nuit… »

Je veux noter encore la tristesse sereine, résignée de ces Paroles soupirées :

Pareille à la douleur des adieux, dans le soir,
L’angoisse qui nous vient de la volupté lasse
……
Et je te sens déçue et je me sens lointaine…
Nous demeurons avec les yeux de l’exilé,
Suivant, tandis qu’un fil d’or frêle nous enchaîne,
Du même regard las notre rêve envolé…
Autre déjà, tu me souris, déjà lointaine…

Mais c’est peut-être dans son dernier volume, Sillages, que Renée Vivien a enfermé ses plus