désir de fixer toutes les émotions de sa vie, il n’y a pas de poésie sans cela. On a cette joie en lisant les poèmes de Cécile Sauvage, de voir que cette jeune femme ne s’est laissée suggestionner par aucune poésie antérieure ; les images qu’elle nous offre sont toutes fraîchement cueillies et ont encore l’humidité parfumée des fleurs coupées au buisson.
Sa philosophie est une sorte de panthéisme où elle éprouve le besoin de se baigner jusqu’au cou. La nature, elle le sent bien, n’est que le prolongement de son être :
… Je porte le jour ainsi qu’on porte un cœur
Ou comme lourdement on traîne une douleur.
Si mon âme est le jour, si le jour est mon âme.
Dans ces communions pourtant je reste femme
Et ma douceur sourit ; peut-être je suis Dieu,
De me trouver ainsi tout entière en tout lieu,
D’être une et d’être mille avec des yeux sans nombre…