Page:Gourmont - Muses d’aujourd’hui, 1910, 3e éd.djvu/253

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On est étonné, après tant de spontanéités féminines, si proches encore de la vie directement captée, de trouver, dans l’œuvre d’une femme, une poésie d’un art parfait, aussi savant que l’art de Mallarmé. Sous ce pseudonyme masculin, se cache, en effet, une femme, qui nous a révélé dans deux romans, déjà, ses qualités d’analyste. Laurent Evrard n’a pas cru qu’il lui suffirait, pour être poète, de s’abandonner aux intuitions de sa pensée ; elle a voulu, avant d’écrire ses poèmes, posséder son art, son métier, comme les Maîtres, étudier toutes les ressources de sa langue, afin, connaissant les secrets des mots, de manier à son gré les images et les idées.