sion exacte et de la concision qui est d’un art interdit à la plupart des poètes. Quel artiste a jamais su féminiser ainsi la forêt, faire d’une rafale automnale un soulèvement de gorges haletantes, un déhanchement de désirs, un appel de bras levés ? Pas un vers de ce poème qui ne rappelle à ceux qui ont aimé et regardé les bois un des gestes familiers des arbres :
Soudain, droit, arrogant, comme arcbouté sur des hanches,
Un corps raide se soulève dans ses verdures libertines,
Et brandit des bras noirs avec emphase hors des manches !
Et s’élance sur les pointes épouvantables des racines !
Et voici une des notations musicales du vent :
L’intolérant orgue roi, jaloux du bruit, s’enfle, refoule : ’
Ses fugues vivaccs se poursuivent et s’enchevêtrent, roulent,
se foulent.
Pour réciter ces vers, il ne faut pas tenter d’éluder tout à fait les muettes ; elles ont leur valeur musicale et résonnante :