Page:Gourmont - Muses d’aujourd’hui, 1910, 3e éd.djvu/258

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capter, dans son souple réseau, les harmonies de la nature : elle les marie aux angoisses d’une sensibilité. Orgues de la nuit, cloches du cœur qui battent aux artères le rythme des souvenirs et des peines : on entend le branle monotone d’une cloche mystérieuse qui sonne dans notre cœur, et au loin dans la forêt.

Un symbole toujours s’appuie au tronc des arbres, et contre le marbre des strophes. Mais il est difficile de faire comprendre l’harmonie de ces poèmes en n’en montrant que des fragments.

Que les bois ont l’air dur, inexorable, immobile.
Dans ces heures invincibles de force inerte, chaude et grise :
Sans lueur qui zigzague ou rien qui passe et s’irise,
Ils se tiennent formidables par le prestige survenu.

Le feuillage en suspens, inextricable et menu,
S’éternise dans l’angoisse de ces silences d’attitude.
Un repos si nombreux a les douleurs d’une étude
Surprenante dans les touffes, les fouillis sombres et les jets !