Page:Gourmont - Muses d’aujourd’hui, 1910, 3e éd.djvu/51

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

renaissant. Où est le bonheur ? et le rêve du poète le cherche dans toutes les villes du monde, dans tous les rêves de son imagination, dans l’histoire et dans le passé. Désir de fuite perpétuelle vers un ailleurs, où elle pourra être elle-même, celle en qui des hérédités différentes ont mêlé l’ardeur de l’Orient et la mélancolie des âmes occidentales.

Ô beauté de toute la terre.
Visage innombrable des jours,
Voyez avec quel sombre amour
Mon cœur en vous se désaltère !

Et pourtant il faudra nous en aller d’ici,
Quitter les jours luisants, les jardins où nous sommes,
Cesser d’être du sang, des yeux, des mains, des hommes
Descendre dans la nuit avec un front noirci,

Descendre par l’étroite horizontale porte,
Où l’on passe étendu, voilé, silencieux ;
Ne plus jamais vous voir, ô Lumière des cieux !
Hélas ! je n’étais pas faite pour être morte…

. . . . . . . . . . . . . . . . .