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Page:Gourmont - Promenades littéraires, sér1, 1922.djvu/100

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courtisanes, sauf qu’elles sont plus malignes et plus malhonnêtes, » Mais nous avons lu tant de fois cette maxime de faux moralisme qu’elle nous fait sourire, à moins qu’elle ne nous exaspère. D’autres fois, il résume tout bonnement en quelques lignes les opinions de Schopenhauer (aphorismes 411 et 414). Ceci est amusant, mais est-ce bien nouveau : « Les jeunes filles inexpérimentées se flattent de l’idée qu’il est en leur pouvoir de faire le bonheur d’un homme ; plus tard, elles apprennent que cela équivaut à : déprécier un homme en admettant qu’il ne faut qu’une jeune fille pour faire leur bonheur. »

Quel homme de n’importe quelle caste et de n’importe quel pays peut admettre cette affirmation : « Avec la beauté des femmes augmente en général leur pudeur. » Cela, c’est une signature. Quand on a écrit cela dans une série de pensées sur les femmes, c’est à peu près comme si on avait dit : « Voici des réflexions sur un sujet qui m’est totalement inconnu. » Si quelque chose, en dehors de l’éducallon, peut augmenter la pudeur qui est naturelle aux femmes (jusqu’à un certain point), n’est-ce pas, évidemment, le sentiment d’une imperfection physique ?