tifs que son goût personnel ; on sent la nécessité de certains sacrifices esthétiques ; ont comprend que les œuvres puissent avoir, même dans un champ limité, un intérêt social indépendant de leur intérêt d’art. Les cénacles sont très utiles ; on y est initié à une certaine qualité d’injustice, qui a une grande valeur moralisatrice, parce qu’elle est un moyen de s’opposer à une injustice plus grande. Les nerfs se détendent toujours assez vite et le moment vient toujours trop tôt de certaines concessions. Boileau, si cruel dans ses vers, est indulgent dans ses lettres et ses commentaires en prose. Mais, bonne ou mauvaise, son œuvre était faite. Si les symbolistes ne s’étaient pas montrés si dédaigneusement injustes pour Victor Hugo, ils n’auraient jamais conquis leur place au soleil. Le grand défaut de la critique de M. Jules Lemaître est donc de n’avoir pas de but ; elle a manqué de force, parce que l’auteur manquait de discipline. On peut en dire autant de ses œuvres d’imagination, roman ou théâtre. Hormis pour quelques livres initiateurs, presque toute la littérature tire sa valeur de sa conformité avec un idéal esthétique momentané. Il faut qu’un contemporain du romantisme soit romantique ; sinon, Béranger ou Viennet, il est nul.
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