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Page:Gourmont - Promenades littéraires, sér1, 1922.djvu/114

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Il disait dans ses Aphorismes et Réflexions :

« Au fond la femme est un être usuel.

« Les femmes, ces êtres médiocres et magiques.

« Une femme aimée qui a la consolation et la distraction d’une magnifique chevelure à soigner est par cela même moins encombrante dans notre vie.

« Les femmes me font souvent l’effet de bébés, de bébés importants, monstrueusement développés.

« La vie a beau être réaliste et train-train, l’argument irrésistible, mais absolument irrésistible pour vaincre une femme, c’est la menace du suicide. Méditez-ça, c’est magnifique ! »

Mais il écrivait aussi de menues choses de tendresse toutes pareilles à celles dont est remplie la lettre où il annonce ses fiançailles : « Écarter, caresser ces fins cheveux blonds… est-ce possible ! La nature n’en tressaillera pas ? Ça pourrait-il arriver ? » Otez l’ironie qui est très sensible surtout dans la fin du paragraphe, que je n’ai pas cité, et c’est la même attitude d’adoration devant le mystère de la pureté virginale. La jeune fille (il s’intéresse surtout aux jeunes filles) est pour lui un être presque surnaturel ; il la voit, comme Dante et ses contemporains, dans un rayonnement, dans une atmosphère céleste qui l’isole du monde vulgaire. Mais tout de même