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Page:Gourmont - Promenades littéraires, sér1, 1922.djvu/128

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Pessimiste. Il y en a sept, qui s’étendent sur un espace de plus d’un quart de siècle. On n’accusera donc pas ce « penseur » de manquer de suite dans les idées ou d’avoir été doué d’un caractère versatile. Il faut pourtant faire remarquer que les titres de ces recueils vont en s’adoucissant. Les premiers sont durs, sombres, désespérés ; les derniers avouent un idéal, donc un espoir. En voici la liste ; elle vaut une étude psychologique : 1. La Proie du Néant. — 2. La Complainte de l’Être. — 3. La Décevance du Vrai. — 4. La Soif du Juste. — 5. L’Obsession du Divin. — 6. La Fierté du Renoncement. — 7. La Haine du Vice.

Tout cela fait beaucoup de pensées ; cela en fait peut-être dix mille. Jamais homme ne pensa si abondamment. Comment s’y reconnaître ? On éliminera d’abord les banalités et les redites. Il y en a beaucoup, et c’était inévitable. Après ce long travail, on se trouvera en face de deux sortes de pensées, que l’auteur lui-même a caractérisées, lorsqu’il a dit : « Ce qui constitue le vrai talent pour un écrivain, c’est d’exprimer de façon rare des pensées communes, ou, mieux encore, de façon commune des pensées rares. » Cette dernière catégorie est assez fréquente chez M. Thiaudière. Moins indulgent que lui, j’au-