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Page:Gourmont - Promenades littéraires, sér1, 1922.djvu/201

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le certifie le titre, « des anecdotes et des souvenirs ». M. Retté nous fait assister à la naissance, à la vie brève et à la mort brutale de plusieurs de ces petites revues où les poètes jaloux écrivaient pour eux seuls des poèmes qui n’arrivèrent au public que dix ans plus tard. La plus singulière de toutes, peut-être, était la Cravache. Elle est excessivement rare, si rare qu’il est difficile, non pas seulement de la posséder, mais de la regarder et de la feuilleter. C’était une sorte de petit journal où la finance alternait avec la littérature. L’imprimeur, pourvu que les trois premières pages fussent remplies, se souciait fort peu de la qualité de la prose ou de la coupe des vers. Il faisait composer ce qu’il recevait, à mesure, sans autre souci que d’éviter des démêlés avec la justice. Un jeune homme, M. Georges Lecomte, découvrit ce journal absurde et en fit, avec M. Adolphe Retté, une des gazettes littéraires les plus curieuses que l’on puisse imaginer. Les rédacteurs s’appelaient : Huysmans, Moréas, H. de Régnier, Kahn, Vielé-Griffîn, Paul Adam, Hennique, Ch. Morice, Fénéon, — et enfin Verlaine. C’est dans cette obscure et mystérieuse Cravache qu’il faut chercher la première version du volume de Verlaine, Parallèlement. Les poètes